Temps et tant à partager

La situation inédite que nous vivons nous plonge dans un espace-temps étrange. Plus que jamais depuis plusieurs décennies, la mort fait partie de nos vies. Elle ne frappe pas seulement loin, et pas seulement les autres mais ici, tout près de nous. Elle nous oblige à revenir à des considérations fondamentales : me préserver, protéger la santé de mes proches, subvenir à mes besoins essentiels. A l’échelle de l’État, la santé devient l’enjeu incontournable avant même l’économie – quoi qu’il en coûte. Plus que jamais aussi, cette situation nous interroge sur notre capacité à entrer en compassion, à nous relier aux autres, à repenser notre tissu social et collectif. Le Covid-19 nous amène à nous repositionner pour reconsidérer le monde d’avant lui et pour envisager le monde d’après lui. Tout s’arrête (ou presque), tout est bouleversé, tout est interrompu. On a coupé court aux flux. Reste le temps du silence, de l’introspection, de la réflexion, de la vacance. Le silence est d’or, dit-on. Alors, dans le silence des usines, des chantiers, des bureaux, des avions, des écoles, faisons résonner ces questions en notre for intérieur :

-Quel est le sens de mon action ?
-Dans quel monde ai-je envie de vivre ?
-Qu’est-ce qui m’apparaît comme fondamental, accessoire, superflu ?

Alors que ma vie est potentiellement menacée, je me retourne et me demande ce qui est bon pour moi, pour mes proches, pour mes voisins, pour mes partenaires, pour mes collègues, pour mon entreprise.

Se repositionner sur ses valeurs et définir une vision

 

Le prix du baril de pétrole s’effondre, les lignes de production ralentissent et s’arrêtent, les chantiers sont désertés, les bureaux vides. Peut-on croire que tout reprendra « comme avant » ? Avec 3 millions de personnes inscrites au chômage en deux jours aux USA, avec quelques milliers d’entreprises au bord de la faillite en Europe, on peut difficilement dire que tout reprendra comme avant. Il y aura toujours des inconditionnels prêts à remettre à flot le système d’avant. Il y aura aussi une poussée en avant de ceux qui veulent penser demain autrement.

Aujourd’hui, tout est déjà bouleversé. Certains font appel à la solidarité et à l’engagement volontaire comme le milieu hospitalier, l’agriculture ou le maraîchage pour répondre aux besoins croissants. D’autres s’adaptent en transformant leurs lignes de production pour construire des respirateurs. Chacun d’entre nous réagit avec ses armes, ses pensées, ses peurs, ses rêves. L’essentiel est de rester ouvert d’esprit et de cœur, en partageant et en dialoguant, en échangeant et en convaincant autour de ces questions : quelle est notre raison d’être dans ce monde ? Quelles sont les valeurs que nous partageons, que défendons-nous ? Comment les faisons-nous vivre ?

Considérer l’environnement

 

Ce qui nous arrive n’est pas complètement le fruit du hasard. Certains chercheurs expliquent que l’apparition du virus est indirectement liée à l’évolution de nos conditions de vie et du climat. La fonte de la cryosphère et la hausse des températures augmenteront le risque d’exposition à des pathogènes humains, laissant craindre que la pandémie de Covid-19 ne soit que la première des épidémies à venir si le dérèglement du climat n’est pas enrayé.  Parue dans la revue scientifique PLOS One en 2019, une étude indiquait que la hausse des températures mondiales était susceptible de modifier le comportement de certains moustiques issus de la famille Aedes (Aedes aegypti et Aedes albopictus, ou moustique tigre), qui sont les principaux vecteurs de maladies graves telles que la dengue, la fièvre jaune, l’infection au virus Zika ou le chikungunya.  
La réduction de nos émissions de gaz à effet de serre n’est donc pas une lubie ou une mode mais bien une condition nécessaire à notre survie. Dès lors, les préoccupations environnementales dépassent les SCOPE 1 et 2. Personne ne peut se satisfaire des seuls petits gestes du quotidien. Le problème est global, complexe et les solutions envisagées doivent répondre à la hauteur des enjeux. Et si le temps était propice à ces réflexions : comment faire évoluer mes consommations d’énergie ? Comment limiter mes émissions ?  Comment intégrer la question environnementale à tous les niveaux ? Comment communiquer et faire adhérer ?

Dans cette période chaotique, certaines bonnes nouvelles affleurent. A l’université de Stanford, un économiste a effectué des calculs sur les dernières données. Selon lui, il est très probable que les vies sauvées par la réduction de la pollution dépassent les décès causés par le COVID-19 environ 4 000 enfants de moins de cinq ans et de 73 000 adultes auraient été sauvés en Chine. Autre partie du globe, autre nouvelle : des bancs de poissons sont revenus dans la lagune de Venise, plusieurs pays ont constaté une baisse sensible de leurs émissions de gaz à effet de serre allant, dans certaines régions, jusqu’à 45 %. Les salariés des entreprises du luxe : L’Oréal, Dior, Givenchy sont heureux et fiers de servir une cause collective, en fabricant du gel hydroalcoolique. S’engager en faveur du Bien Commun n’a jamais fait de mal, semblerait-il.

Chez Hommes et Projets, nous nous employons à cultiver notre jardin en ces temps si particuliers pour (re)penser notre accompagnement à l’aune des enjeux de demain.