Supervision, avancer l’esprit libre

A l’approche des vacances, le sujet de la supervision est profondément d’actualité. Là où toute l’année nous, coach, consultant, dirigeant, avançons tête baissée, ce temps de vacances nous offre la possibilité de relever la tête et de prendre de la hauteur. Oui, mais pour quoi faire ? Les consultants Hommes et Projets, Marie Gauton et Laurent Becsei qui ont suivi une formation en supervision cette année nous expliquent ce qu’elle apporte et pourquoi elle est indispensable.

Qu’est-ce que la supervision ? A quoi sert-elle ?

 

L. Becsei : La supervision peut être définie comme l’accompagnement d’un professionnel qu’il soit coach professionnel, consultant, ou thérapeute, ou bien d’un groupe de professionnels de l’accompagnement avec pour objectif l’atteinte de leur pleine capacité à « faire réussir ». La supervision aide à identifier et surmonter les difficultés personnelles pour exercer sereinement son activité.
M. Gauton : Il s’agit avant tout d’aider et de suivre le coach, le consultant ou l’équipe à prendre de la hauteur, à surmonter les obstacles pour améliorer les pratiques. Ce suivi permet par exemple d’approfondir sa connaissance de l’outil PCM. Une phase d’analyse de certaines situations permet de comprendre les difficultés internes et les obstacles qui bloquent certaines avancées. Le superviseur peut s’appuyer sur des outils connus du coach pour analyser les phénomènes transférentiels ou les styles relationnels qui viendraient bloquer les processus. Les objectifs généraux de la supervision sont avant tout d’analyser les situations et leurs difficultés, de résoudre des dilemmes éthiques et/ou déontologiques soulevés par la pratique, d’analyser des outils et techniques d’accompagnement.

Quels sont les objectifs concrets de la supervision ?

 

L. Becsei : Il existe beaucoup de problématiques différentes. Le plus souvent, le désir est d’acquérir de nouvelles références théoriques, de nouveaux outils ou de parfaire son efficacité professionnelle.
M. Gauton : Beaucoup de coachs cherchent à prendre conscience de leurs forces et de leurs faiblesses dans leur activité d’accompagnement. Il n’est également pas rare que nous rencontrions des équipes qui souhaitent affiner leur compréhension des systèmes et des mécanismes relationnels et communicationnels.

Quelle nécessité aujourd’hui ?

 

M. Gauton : La supervision n’est pas un luxe aujourd’hui. Pourtant, il apparaît nécessaire de le rappeler et de l’expliquer pour contrecarrer les préjugés et les croyances. En effet, aujourd’hui, il est devenu essentiel de faire preuve de professionnalisme à tous les niveaux sans pour autant oublier sa singularité. Pour être au top de ses capacités, aiguiser ses compétences et bien vivre sa vie professionnelle, rien ne vaut le suivi régulier et approfondi du superviseur.
L. Becsei : Grâce aux séances régulières, il est courant que le coach que nous supervisons trouve de nouvelles ressources, et gagne en confiance ce qui lui permet de faire émerger son identité de coach.

A votre avis, quelles sont les qualités nécessaires au coach-superviseur ?

 

L. Becsei : La première qualité est l’intégrité. Le superviseur doit être impartial et indépendant pour que son suivi et ses pratiques soient optimaux. En plus de maîtriser tous les concepts et les techniques du coaching, il doit sans cesse travailler sur lui-même.
M. Gauton : Cela paraît évident mais on ne peut pas demander à nos clients de travailler sur eux de façon approfondie sans l’exiger pour nous-mêmes. J’ajouterais que le superviseur doit posséder un sens de l’analyse très pointu et une bonne compréhension des problématiques interculturelles.

Quel mot pourrait définir votre conception du superviseur ?

 

L. Becsei : Je choisis « holistique » c’est le terme qui désigne notre approche. On ne peut pas séparer les champs d’investigation. Nous sommes des êtres complexes et notre rôle de superviseur est d’appréhender en totalité des hommes et des femmes complexes face à des enjeux eux-mêmes complexes. Il fallait bien inventer des outils performants pour circonscrire leurs problématiques et leurs attentes ! C’est sans doute ainsi que la supervision est née.
M.Gauton : Je rejoins ce que dit Laurent et je complèterais en ajoutant que notre approche est également humaniste. Ce qui nous interpelle et nous engage, c’est l’humain. Nous travaillons en synergie avec des hommes et des femmes qui souhaitent s’interroger sur leurs paroles, leurs actes, leurs émotions et leurs pratiques pour gagner en efficacité et créer un climat de travail favorable à l’épanouissement des compétences de chacun.